La Stratégie Nationale de Santé Sexuelle s’inscrit en cohérence avec les objectifs de la Stratégie Nationale de Santé, en particulier avec son objectif « Promouvoir la santé sexuelle et l’éducation à la sexualité ».
En mars 2017, Marisol Touraine, alors ministre de la santé, avait dévoilé 95 actions déclinées de 2017 à 2030 afin de proposer « une démarche globale d’amélioration de la santé sexuelle et reproductive ». Celle-ci visait à garantir à chacun une vie sexuelle autonome, satisfaisante et sans danger, ainsi que le respect de ses droits en la matière, et d’« éliminer définitivement les épidémies d’infections sexuellement transmissibles » et atteindre l’objectif ambitieux des « 95-95-95» d’ici 2020 concernant l’épidémie du sida : c’est-à-dire « faire en sorte que 95% de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut VIH, que 95% des personnes qui connaissent leur séropositivité au VIH aient accès au traitement et que 95% des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable ». L’objectif affiché était de faire évoluer les représentations sociales, et leur traduction dans l’offre de santé, liées à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle, à l’âge ou au handicap, ou au statut sérologique. Elle visait également à prévenir les comportements de violence, notamment sexuelle.
Le Collège national des sages-femmes a participé aux groupes de travail de la SNSS.
L’actuelle Ministre de la santé, Agnès Buzin, retient 26 actions issues des propositions du comité de pilotage placé sous la présidence du Pr Patrick Yeni, médecin spécialiste des maladies infectieuses et président du Conseil National du Sida et des hépatites viralespour les 3 ans à venir selon 5 axes :
- Améliorer l’information et la formation dans le domaine de la santé sexuelle (6 actions)
- Améliorer l’offre générale en santé sexuelle (14 actions)
- Renforcer et adapter l’offre de santé sexuelle destinée aux populations et territoires prioritaires (7 actions)
- Coordonner et promouvoir la recherche en santé sexuelle (2 actions)
- Accompagner et développer les projets innovants (3 actions).
L’accent est mis en priorité sur la prévention par la promotion de l’éducation à la sexualité et l’organisation chaque année, en région, de campagnes de dépistage du sida, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST). De leur côté, les professionnels de santé seront mieux formés à ces questions, « dans une approche interdisciplinaire ». Pour les accompagner, ils auront accès à « des ressources documentaires en matière de santé sexuelle (prévention, vaccination, dépistage des IST) ».
L’amélioration de l’offre générale en santé sexuelle est promue, notamment celle « destinée aux populations et territoires prioritaires » (jeunes, personnes atteintes de maladies chroniques ou vivant avec des maladies psychiques, personnes handicapées, personnes âgées, migrants primo-arrivants, …). Agnès Buzyn veut « « garantir sur le territoire l’accès aux différentes méthodes d’interruption volontaire de grossesse (IVG) tout en renforçant la confidentialité de cet acte, étendre les missions des Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS) aux consultations de contraception et de prévention des IST ».
Elle souhaite également, « transformer la consultation longue “IST-contraception” mise en place chez le médecin généraliste et le gynécologue pour les jeunes filles entre 15 et 18 ans en une consultation globale “santé sexuelle” au bénéfice de tous les jeunes, filles comme garçons » (mesure 11)
Enfin, la SNSS 2018-2020 prévoit l’expérimentation de projets innovants comme l’expérimentation d’un PASS préservatif, afin de donner aux jeunes « un accès à titre gratuit à une offre de préservatifs dans le cadre d’un programme d’information et de prévention », et veut valoriser la recherche en la structurant et en maintenant « un haut niveau de recherche sur le VIH et les hépatites virales au sein de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) ».
Le programme est ambitieux, pas de doute ! Toutefois, certaines actions nous questionnent déjà.
Prenons l’action n°11 citée plus haut : et les sages-femmes ? Ni dans la SNSS, ni dans l’annonce faite ce 9 avril 2018 par la ministre, les sages-femmes ne sont citées comme professionnel.le.s de ce champ : pourtant cette consultation est déjà dans leur pratique ! Le collégium du CNSF a déjà réagi par communiqué de presse le 11 avril 2018.
Egalement, l’action n°14 interroge : « Améliorer l’efficience de l’offre gratuite de santé sexuelle dans les territoires ». Avec quels professionnels ? Alors que l’offre de soins en centre de planification et d’éducation familiale (CPEF), dans certains départements, diminue, le budget de cette action n’est pas prévu…
Rendez-vous dans 3 ans pour le bilan de ces préconisations.