Recherche en maïeutique

mis à jour le 6 février 2018

Les sages-femmes, recrutées sur le concours de première année commune aux études de santé (avec les étudiants en médecine, odontologie et pharmacie), obtiennent après une formation de 5 ans un diplôme d’État reconnu au grade de master. Un nombre croissant d’entre elles poursuivent leur formation par un parcours en troisième cycle universitaire et obtiennent le titre de docteur et ce, dans différentes disciplines. Leurs sujets de thèse concernent toujours la périnatalité de près ou de loin. Certaines peuvent prétendre aux postes de maître de conférence dans leur discipline. Cependant, faute de poste universitaire, d’aménagement aux niveaux administratifs et de financements, les sages-femmes sont sous-représentées dans la recherche en maïeutique. Ainsi, peu de sages-femmes ont pu accéder à un poste de maître de conférences ou préparer une habilitation à diriger des recherches.

Le CNSF souhaite que ces chercheurs puissent mener les recherches relatives aux champs d’exercice des sages-femmes, en collaboration avec des équipes multidisciplinaires. Il devient donc indispensable de promouvoir une recherche en sciences maïeutiques [1] de qualité. Cette aspiration n’est pas nouvelle, elle s’ancre dans une pratique où les sages-femmes participent déjà aux côtés des médecins à la recherche clinique et épidémiologique. Outre permettre l’autonomie de notre profession, elle participerait à l’amélioration de l’état de santé des femmes et des nouveau-nés en France. Les sages-femmes ont une expertise qui leur est propre concernant la physiologie de la grossesse, elles apportent une complémentarité certaine aux autres disciplines médicales, scientifique et en sciences humaines. En effet, il faut rappeler que les pays qui ont favorisé des approches  de midwifery research [2] sont ceux qui ont à l’heure actuelle les meilleurs indicateurs de santé périnatale alors que la France accuse un recul au classement européen et un creusement des inégalités sociales de santé.

Les sages-femmes, praticiens et chercheurs dans différentes disciplines, sont les mieux placées pour mener ces recherches et proposer de nouvelles grilles d’analyse appuyées sur leur lecture experte de la physiologie et des faits de santé de par leur approche clinique. L’approche globale du couple mère-enfant par les sages-femmes que nous avons apprise sur les bancs des écoles est tout à fait moderne ; c’est une approche bien traitante particulièrement respectueuse du droit des patients. Notre profession continue à la transmettre grâce aux réflexions sur la pédagogie qui sont menées dans les écoles, et grâce aux cours d’éthiques, de psychologie, de sciences humaines et sociales, d’épidémiologie et en santé publique, etc… qui sont à l’heure actuelle dispensés par des sages-femmes ayant entamé ou validé des 3èmes cycles dans ces disciplines, et qui illustrent l’enseignement théorique des concepts d’exemples tirés de leur exercice clinique.

Non seulement la formation initiale des sages-femmes doit être intégrée à l’université et sortir du carcan de l’hôpital, mais elle doit aussi être assurée par des enseignants formés à la recherche. C’est pourquoi le CNSF prend position pour une formation de qualité, pour le recrutement aux postes de sages-femmes enseignantes de titulaires de doctorats ou de doctorants et l’inscription en master recherche pour les enseignants en poste.