Prévention des déformations crâniennes positionnelles (DCP) et mort inattendue du nourrisson

La Haute Autorité de santé (HAS) et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) publient le 05 mars 2020 des recommandations pour la pratique clinique pour prévenir leur apparition et décrire leur prise en charge.

La plagiocéphalie est une déformation du crâne de l’enfant caractérisée par une asymétrie donnant à la tête une forme oblique, on parle communément de « bébé à tête plate ».  L’association Le LIEN a alerté la HAS en avril 2017 de la sous-estimation du nombre de cas de plagiocéphalies et de ses conséquences.

En réponse à ce droit d’alerte, la HAS publie avec le Conseil national professionnel de pédiatrie une fiche mémo qui rappelle le dispositif de prévention de la mort inattendue du nourrisson et définit la prévention de la plagiocéphalie.

  • La HAS et le CNPP réaffirment donc avec force que le couchage sur le dos est impératif pour prévenir la mort inattendue du nourrisson. Depuis les années 90, cette recommandation a permis de réduire ce risque de 76%.
  • Il faut rassurer les parents. Les données scientifiques montrent qu’il n’y a pas de lien de causalité entre une plagiocéphalie et un retard neurodéveloppemental, des troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires. De plus, dans la très grande majorité des cas, les déformations crâniennes disparaissent à l’âge de 2 ans grâce à la mobilité spontanée qu’il faut préserver.
  • Les professionnels doivent expliquer les mesures de prévention de la plagiocéphalie et de leur délivrer des conseils avant et après la naissance du bébé, surtout dans les 6 premiers mois de vie lorsque le crâne est le plus malléable.

Les mesures de prévention

Si le couchage sur le dos reste la position à adopter quand le nourrisson dort, le reste du temps il ne doit pas être constamment immobilisé pour éviter qu’il n’appuie sa tête toujours du même côté. La HAS recommande aux parents :

  • de laisser leur enfant libre de ses mouvements notamment pour que son cou soit mobile – y compris sur le ventre lorsqu’il est éveillé et à condition qu’il soit surveillé,
  • de, lors de sa phase d’éveil, de l’installer sur un tapis ferme au sol avec des jouets positionnés autour de lui, en évitant les arches de jeu et les mobiles qui vont fixer son attention en un endroit unique,
  • varier les postures du nourrisson,
  • d’encourager les rotations spontanées de sa tête grâce à des sollicitations sensorielles (tactiles, visuelles, auditives).

Toutefois  cales-tête, siège-coques, coussins anti-tête-plate, etc., tous ces objets qui se sont multipliés dans l’environnement des bébés sont tous déconseillés, du fait qu’ils empêchent l’enfant de bouger librement.

En cas de plagiocéphalie

En complément des conseils de prévention, , il est préconisé de consulter un médecin qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie au plus tôt dans le cas où l’enfant a des difficultés à bouger son cou (torticolis).

Actuellement les données scientifiques ne permettent pas de recommander l’ostéopathie. Une approche ostéopathique à orientation pédiatrique peut être associée à la kinésithérapie en deuxième intention dans le cadre d’une prise en charge pluri-professionnelle.

En l’absence d’amélioration de la déformation crânienne après une prise en charge adaptée, le médecin doit orienter l’enfant tôt, possiblement dès la fin du premier semestre, vers un centre de compétences ou de référence des malformations crânio-faciales ( Filière d santé maladies rares Tête et cou).

A qui s’adresse la fiche mémo ?

A tous les professionnels, en contact avec les parents et les familles, qui prennent en charge les nourrissons en ville ou dans le cadre des établissements de soins publics ou privés. : aide-soignant(e), assistante maternelle, auxiliaire de puériculture, infirmier(e), kinésithérapeute, médecin généraliste, ostéopathe, pédiatre, psychomotricien(ne), puériculteur(trice), sage-femme, technicien d’intervention sociale et familiale, …

Quels sont les messages clés ?

  • Le couchage à plat sur le dos strict pour le sommeil est recommandé pour prévenir la mort inattendue du nourrisson (MIN). Le principal facteur de risque de la MIN est le couchage en position ventrale ;
  • Les DCP sont de bon pronostic. Aucune donnée actuelle de la littérature ne permet de conclure à un lien de causalité entre DCP et retard neuro-développemental, troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs, ou vestibulaires ;
  • Le principal facteur de risque des déformations crâniennes positionnelles (DCP) est la limitation de la motricité libre et spontanée du nourrisson par défaut de mobilité propre ou par contrainte environnementale externe ;
  • L’examen clinique est habituellement suffisant pour poser le diagnostic de DCP. L’imagerie est rarement nécessaire ;
  • Il est possible de prévenir la survenue des DCP en préservant la mobilité libre et spontanée du nourrisson, tout en respectant les recommandations de prévention de la MIN. Aucune intervention de soins préventive n’est nécessaire ;
  • Dans les DCP constituées associées à un défaut de mobilité cervicale, l’association précoce de recommandations positionnelles et de kinésithérapie à orientation pédiatrique est l’intervention de choix.

Retrouvez la fiche mémo sur le site du CNSF à la rubrique « Pratiques professionnelles » à https://www.cnsf.asso.fr/pratiques-professionnelles/rpc-autres/