Le burn-out chez les sages-femmes, un fléau pour la périnatalité française

 

Le Collège National des Sages-Femmes de France présente ce mercredi 3 juin son rapport sur l’évaluation de la santé au travail des sages-femmes en France. A noter que cette étude a été réalisée  avant la crise sanitaire du Covid-19, qui a fortement impacté le quotidien des soignants.

Mise en place en octobre 2019 avec le soutien de l’Université Paris 8, cette évaluation est inédite pour la profession car aucune autre étude de cette ampleur n’avait jusqu’alors été conduite en France, malgré les fortes tensions perceptibles au sein des maternités depuis quelques années.

L’étude recense 2 767 réponses soit 12% des sages-femmes différenciant les cliniciennes salariées, cliniciennes libérales, les enseignantes et les coordinatrices. Ces données confirment une profession jeune avec des âge médian inférieur à 40 ans pour les cliniciennes et de 47 ans pour les deux autres modes d’exercice.

Le premier enseignement est alarmant. Le nombre de sages-femmes françaises souffrant de syndrome d’épuisement émotionnel – burnout – est significatif puisque plus de 40% des cliniciennes salariées, 31% des cliniciennes libérales et 37,5% des enseignantes en sont victimes. Ce pourcentage augmente considérablement chez les sages-femmes coordinatrices puisqu’il atteint pratiquement 66%. 

Le conflit vie privée / vie personnelle important est l’un des principaux facteurs de risque psycho-social aggravant cet état d’épuisement. Cette étude indique que plus de la moitié des sages-femmes effectuent des heures supplémentaires, et que pour une part d’entre elles ces heures ne sont ni rémunérées ni récupérée. 

On retrouve également d’autres facteurs de risque psycho-sociaux fortement corrélés au burnout comme la charge de travail importante, les exigences émotionnelles fortes et le manque de reconnaissance.

Par ailleurs, l’analyse des résultats concernant l’encadrement des étudiants est également préoccupant. Si les sages-femmes se sentent suffisamment compétentes pour accompagner les étudiants en stage, la charge et le temps de travail rendent cet exercice complexe pour plus de la moitié des sages-femmes cliniciennes salariées et pour l’exercice libéral. 

Ces données alarmantes sur l’épuisement professionnel dont sont victimes les sages-femmes doivent au delà d’informer la profession, alerter les pouvoirs publics quant à leur impact sur la qualité et la sécurité des soins. La bienveillance prodiguée auprès des usagers de notre système de santé périnatal ne peut exister sans une nette amélioration des conditions de travail des sages-femmes. A noter que ces professionnelles de santé réalisent 87,4% des accouchements par voie basse non instrumentale en France selon l’Enquête Nationale Périnatale de 2016. 

 

Télécharger le rapport

 

Alors que s’ouvre le ”Ségur de la Santé”, il est urgent de prendre des mesures fortes pour : 

  • Actualiser les décrets de périnatalité, datant de 1998, qui définissent l’organisation des services de maternité et fixent les effectifs des sages-femmes ;

  • Améliorer la coordination entre la ville et l’hôpital ;

  • Reconnaître le caractère médical de la profession via la création d’un statut hospitalo-universitaire afin de renforcer l’actualisation des pratiques au regard des dernières évolutions scientifiques ;

  • Permettre une meilleure reconnaissance avec une représentativité des sages-femmes au sein de la gouvernance hospitalière permettant une amélioration des conditions de travail ;

  • Création d’un statut de maître de stage en maïeutique. 

 

 

2020.06_Enquête Bien être

 

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